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OBLOMOFF.

— Oui… en effet… commença Alexéeff… il n’aurait pas dû… mais quelle délicatesse attendre d’un mougik ? Cette engeance ne comprend rien.

— Que feriez-vous à ma place ? dit Oblomoff, en regardant Alexéeff d’un air d’interrogation, avec la faible espérance que celui-ci trouverait quelque chose pour le tranquilliser.

— Cela demande réflexion, monsieur ; impossible de décider ainsi tout de suite, dit Alexéeff.

— Ne ferais-je pas bien d’écrire au gouverneur[1] ? dit M. Élie en se parlant à lui-même.

— Comment se nomme votre gouverneur ? demanda Alexéeff.

Élie ne répondit pas et se mit à rêver. Alexéeff se tut et se mit à rêver de son côté.

Oblomoff froissa la lettre, appuya sa tête dans ses mains, posa ses coudes sur ses genoux et resta assis quelque temps dans cette posture, le cerveau envahi par un flot de pensées inquiétantes.

— Si seulement Stoltz pouvait arriver ! dit-il. Il écrit qu’il va bientôt venir, et le diable sait où il rôde ! Il aurait tout arrangé.

Il retomba dans sa tristesse. Tous deux gardèrent longtemps le silence. Enfin Oblomoff revint le premier à lui-même.

  1. Le gouverneur de la province.