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OBLOMOFF.

ai-je reçu l’an dernier ? dit-il en regardant Alexéeff. Je ne vous l’ai pas dit alors ?

Alexéeff tourna les yeux vers le plafond et se mit à chercher.

— Il faut demander à Stoltz quand il viendra, continua Oblomoff ; il me semble que c’est sept ou huit mille… on a tort de ne pas prendre note. Le voilà maintenant qui me met à six mille ! Mais je vais mourir de faim ! Comment vivre avec cela ?

— Il n’y a pas de quoi tant s’inquiéter, monsieur Élie, dit Alexéeff. Il ne faut jamais désespérer : quand tout sera moulu, il viendra de la farine.

— Mais vous entendez ce qu’il écrit ? Au lieu de m’envoyer de l’argent, de me tranquilliser n’importe comment, le voilà qui vient, comme pour se moquer de moi, me causer des ennuis. C’est tous les ans le même refrain. Je ne suis plus dans mon assiette ! Quelque chose comme deux mille de moins !

— Oui, c’est un grand déficit, dit Alexéeff. Deux mille ! ce n’est pas drôle ! On dit que M. Alexis n’a reçu aussi cette année que douze mille au lieu de dix-sept.

— Oui, douze, mais pas six, interrompit Oblomoff. Il m’a tout à fait bouleversé, le staroste ! S’il doit vraiment venir une mauvaise année et une sécheresse, à quoi bon se chagriner d’avance ?