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OBLOMOFF.

un homme, c’est-à-dire vous-même. Rejeter ! et comment le rejetteriez-vous du cercle de l’humanité, du sein de la nature, de la miséricorde divine ? cria-t-il presque avec des yeux flamboyants.

— Où diable vous emportez-vous ? dit à son tour Pennkine étonné.

Oblomoff s’aperçut que lui aussi était allé trop loin. Il se tut tout à coup, resta debout à peu près une minute, bâilla et se recoucha lentement sur le sofa.

Les deux hommes gardèrent le silence.

— Que lisez-vous donc ? demanda Pennkine.

— Mais… des voyages principalement.

Nouveau silence.

— Ainsi, vous lirez ce poëme ? Quand il paraîtra, je vous l’apporterai… dit Pennkine.

Élie fit avec la tête un signe négatif.

— Eh bien ! dois-je vous envoyer ma nouvelle ?

Oblomoff baissa la tête en signe d’acquiescement.

— Il faut pourtant que je me rende à l’imprimerie, dit Pennkine. Savez-vous pourquoi je suis venu chez vous ? Je voulais vous proposer d’aller à Ekaterinnhoff : j’ai une voiture découverte. J’ai à faire demain un article sur la promenade ; nous mettrons nos observations en commun ; ce qui m’échappera, vous me le ferez remarquer ; ce sera plus gai. Venez…

— Non, je ne me sens pas bien, dit Oblomoff