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OBLOMOFF.

très-maigre, dont le visage était tout à fait couvert par ses favoris, ses moustaches et sa royale, Le costume du nouveau venu dénotait une négligence préméditée.

— Bonjour, monsieur Oblomoff.

— Bonjour, Pennkine ; n’approchez pas, n’approchez pas ! vous venez du froid, dit Élie.

— Ah ! quel original vous faites ! répondit celui-ci ; toujours le même incorrigible et insouciant paresseux !

— Oui, insouciant ! répliqua Oblomoff : je vais vous montrer tout à l’heure une lettre du staroste. Cassez-vous donc la tête pour qu’on vous traite d’insouciant ! D’où venez-vous ?

— De la librairie : j’ai été m’informer si les journaux ont paru. Avez-vous lu mon article ?

— Non.

— Je vous l’enverrai, lisez-le.

— De quoi traite-t-il ? demanda Oblomoff à travers un fort bâillement.

— Du commerce, de l’émancipation de la femme, des beaux jours d’avril tels que le destin nous les a octroyés, de la composition nouvellement inventée contre l’incendie. Comment se fait-il que vous ne lisiez pas ? N’est-ce pas là notre vie de tous les jours ? Et surtout je combats en littérature pour la cause du réalisme.