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OBLOMOFF.

— Bonjour, Soudbinnski, dit gaiement Élie. À la fin, tu viens donc voir ton ancien collègue ! N’approche pas, n’approche pas ! tu viens du froid.

— Bonjour, Élie. Il y a longtemps que je me proposais de te rendre visite ; mais tu sais, nous avons une besogne d’enfer. Tiens, regarde, je charrie tout une malle pour le travail avec le chef, et maintenant même si l’on me demandait, j’ai donné ordre au courrier de galoper ici. On n’a pas un moment à soi.

— Tu vas seulement à ton bureau ? Pourquoi si tard ? demanda Oblomoff ; il fut un temps où dès dix heures tu…

— Il fut un temps, oui ; mais maintenant c’est autre chose ; j’y vais à midi et en voiture. Il appuya sur les derniers mots.

— Ah ! j’y suis, dit Oblomoff, chef de section[1] ! Et depuis quand ?

Soudbinnski baissa la tête, en signe d’affirmation.

— Depuis Pâques, dit-il. Mais que d’affaires ! c’est terrible ! De huit heures du matin jusqu’à midi, je suis cloué à la maison ; de midi à cinq heures au bureau, et le soir je travaille encore. Je suis devenu un sauvage.

— Hum ! chef de section, voyez-vous cela ! dit

  1. Les ministères sont divisés en départements, les départements en sections, les sections en bureaux.