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OBLOMOFF.

— Bonjour, Oblomoff, dit le monsieur éblouissant, et il s’approcha.

— N’approchez pas, n’approchez pas : vous venez du froid !

— Ô enfant gâté, sybarite ! dit Volkoff. Il chercha où déposer son chapeau et, voyant partout de la poussière, il ne le posa nulle part ; il écarta les deux pans de son habit pour s’asseoir, mais, après un examen attentif du fauteuil, il resta debout.

— Vous n’êtes pas encore levé. Quelle robe de chambre avez-vous donc là ? Il y a longtemps qu’on n’en porte plus de pareilles, dit-il à Oblomoff d’un ton de reproche.

— Ce n’est point une robe de chambre, mais un khalate, fit Élie, en s’enveloppant avec volupté dans les larges pans du khalate.

— Votre santé est bonne ? demanda Volkoff.

— Ma santé ! dit Oblomoff en bâillant : mauvaise ! les congestions me tourmentent. Et vous, comment allez-vous ?

— Moi ! comme cela : bien portant et gai, oh ! très-gai ! ajouta le jeune homme avec conviction.

— D’où venez-vous de si bonne heure ? demanda Oblomoff.

— De chez mon tailleur. Trouvez-vous que cet habit m’aille bien ? dit-il en se tournant devant Élie.