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OBLOMOFF.

prévient que les ouvriers vont venir ici dans quinze jours, qu’ils doivent tout démolir… Déménagez, qu’il dit, demain ou après-demain.

— Hé, hé, hé ! comme ils y vont ! demain ! Qu’est-ce qu’ils chantent donc ! Vraiment oui, ne faudra-t-il pas par hasard que nous déménagions tout à l’heure ? Je te défends de me parler de logement. Je te l’ai déjà défendu une fois, et tu recommences… Prends garde !

— Et qu’y puis-je, moi ? reprit Zakhare.

— Qu’y puis-je ? Belle raison, ma foi ! répondit Oblomoff. Et il ose encore me le demander ! Est-ce que cela me regarde ? Laisse-moi tranquille, ne m’importune plus, et arrange-toi comme tu l’entendras, pourvu que nous ne bougions pas d’ici. Tu ne peux donc rien faire pour ton barine ?

— Mais comment, monseigneur ? Comment voulez-vous que je m’arrange ? miaula Zakhare en adoucissant sa voix enrouée. La maison ne m’appartient pas. Comment faire pour rester dans une propriété qui n’est pas à nous, quand on nous en chasse ? Si la maison était à moi, alors, c’est avec le plus grand plaisir.

— Mais ne pourrais-tu pas les persuader de manière ou d’autre, leur dire : nous logeons ici depuis longtemps, nous payons exactement ?

— Mais je l’ai dit.

— Eh bien ! et eux…