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OBLOMOFF.

chez toi, cela vaudra beaucoup mieux.

— Mais je vous assure que c’est ainsi, insistait Zakhare. Tenez, sortez aujourd’hui, et je rangerai tout ici avec Anissia. Et encore, à nous deux, nous n’en viendrons pas à bout : il faut prendre des journalières et laver partout.

— En voilà des inventions ! des journalières ! Fais-moi le plaisir de t’en aller.

Oblomoff était déjà fâché d’avoir provoqué cette conversation avec Zakhare. Il oubliait toujours qu’en touchant à cette question délicate, il était sûr de s’attirer des tracasseries interminables. Il désirait bien que tout fut en ordre chez lui, mais il souhaitait en même temps que cela se fit d’une manière quelconque, insensiblement, de soi-même. Zakhare entamait toujours un procès aussitôt qu’on exigeait de lui l’époussetage, le lavage des planchers, etc. Il prouvait alors la nécessité d’un remue-ménage épouvantable ; il savait parfaitement que cette idée suffisait à jeter la terreur dans l’âme de son maître.

Zakhare sortit, et Élie s’enfonça dans ses réflexions. Quelques minutes après, la pendule sonna la demie.

— Ah ! mon Dieu, s’écria-t-il avec effroi, bientôt onze heures, et je ne suis pas encore levé, pas encore lavé. Zakhare, Zakhare !