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OBLOMOFF.

« Ah ! fit Zakhare, il dort aussi fort qu’un maçon. »

— Monsieur !…

Zakhare tira légèrement Élie par la manche.

— Levez-vous : il est quatre heures et demie.

Pour toute réponse M. Oblomoff beugla, mais sans se réveiller.

— Levez-vous donc, monsieur ! quelle honte ! dit Zakhare en élevant la voix.

Pas de réponse.

— Monsieur, répétait Zakhare, en tiraillant son maître de temps à autre par la manche.

Oblomoff tourna un peu sa tête et ouvrit avec peine un œil terne où l’on voyait poindre l’apoplexie. Il le dirigea sur Zakhare.

— Qui est là ? demanda-t-il d’une voix sourde.

— Mais c’est moi. Levez-vous !

— Va-t-en, murmura Élie, et il se replongea dans son lourd sommeil. Au lieu de ronfler, M. Oblomoff se mit à jouer du chalumeau avec son nez. Zakhare le tira par le pan de sa robe de chambre.

— Que veux-tu ? demanda Élie, d’un ton de menace, ouvrant tout à coup les deux yeux.

— Vous avez donné l’ordre de vous réveiller.

— Eh bien ! je le sais. Tu as fait ton devoir, va-t-en. Le reste me regarde…

— Je ne m’en irai pas, disait Zakhare, le tiraillant de nouveau par la manche.