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OBLOMOFF.

Zakhare tourna lentement la tête et arrêta sur lui un regard trouble.

— Prends garde, toi ! dit-il ensuite d’une voix mordante, t’es-t-encore trop jeune, l’ami, t’es trop malin ! Je me fiche bien que tu sois à un général. Va-t-en, si tu ne veux pas que je t’attrape au toupet.

Le petit cosaque recula de deux pas, s’arrêta et regarda Zakhare en souriant.

— Qu’est-ce que tu as donc à te ficher du monde ! grogna Zakhare avec colère, attends, je t’aurai, toi… je vais t’allonger les oreilles et tu montreras tes dents !…

À ce moment du perron descendit en courant un gigantesque laquais, en habit de livrée, déboutonné, avec des aiguillettes et des guêtres. Il s’approcha du petit cosaque, lui donna avant tout un soufflet, ensuite le traita de petit imbécile.

— Qu’est-ce donc, monsieur Mathieu, qu’y a-t-il ? dit le petit cosaque, interdit et penaud, en se tenant la joue et en clignant de l’œil d’un air convulsif.

— Ah ! tu raisonnes ! dit le laquais : je te cherche par toute la maison, et tu es ici !

Il le prit d’une main par les cheveux, lui inclina la tête et trois fois, lentement, méthodiquement, à intervalles égaux, il le frappa sur la nuque à coups de poing.

— Le barine a sonné cinq fois, ajouta-t-il en guise