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OBLOMOFF.

l’école comme d’un hôpital. Sa graisse est fondue. Comme il est chétif !… et puis, est-il polisson ! Il voudrait ne faire que courir.

— Oui, remarque le père, l’étude est un rude labeur[1], elle vous tord comme une corne de mouton.

Et les braves parents continuaient à chercher des prétextes pour retenir leur fils à la maison, et, outre les fêtes, les prétextes ne manquaient point. En hiver, à leur avis, il faisait trop froid, en été il n’était pas sain d’aller par la chaleur, et quelquefois la pluie tombait ; en automne on était empêché par les giboulées.

Quelquefois c’est Anntipka qui paraît suspect : pour ivre, il ne l’est point, mais il a quelque chose d’étrange dans le regard : il pourrait par malheur s’embourber ou verser quelque part.

Les Oblomoff, au reste, tâchaient autant que possible de justifier ces prétextes à leurs propres yeux, et surtout aux yeux de Stoltz qui, devant eux et en leur absence, n’épargnait point les donnerwetter[2] contre une pareille faiblesse.

Les temps des Irostakoff et des Ikotinine[3] étaient passés depuis longtemps. Le proverbe : la science est la lumière et l’ignorance, les ténèbres, courait déjà

  1. Mot à mot : L’apprentissage n’est pas votre frère.
  2. Juron allemand : tonnerre et vent.
  3. Personnages d’une comédie satirique de von Vizine.