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OBLOMOFF.

viendra ! s’écrie enfin Nathalia Thadéevna, et toutes deux pleurent amèrement.

Cette conclusion de Nathalia Thadéevna était purement gratuite : personne ne s’était élevé contre personne, il n’y avait même pas eu de comète cette année-là, mais les vieilles ont parfois d’obscurs pressentiments.

Ce passe-temps se trouve seulement interrompu de loin en loin par quelque événement imprévu, quand, par exemple, toute la maison attrape un mal de tête causé par les vapeurs des poêles.

On n’entendait guère parler d’autres maladies ni dans le château ni au village, sauf le cas où quelqu’un venait à s’estropier sur un pieu dans l’obscurité, ou à dégringoler du fenil, ou qu’une planche tombait d’un toit sur la tête d’un passant.

Tout cela arrivait rarement, et, contre de pareils accidents on employait les remèdes de vieille femme expérimentés depuis longtemps. On frottait la contusion avec de l’éponge de rivière ou avec de la livèche, on faisait boire au patient un peu d’eau bénite, ou l’on marmottait des paroles et la douleur disparaissait. Mais le mal de tête causé par la vapeur des poêles était fréquent.

Dans ces occasions tous restent étendus en rang sur les lits ; on entend des plaintes, des soupirs : l’un se place des concombres salés sur la tête et se l’en-