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OBLOMOFF.

Les Oblomoftzi continuaient des dizaines d’années entières à jouer du chalumeau par le nez, à sommeiller et à bâiller, ou à se pâmer d’un rire naïf à propos d’un trait de gaieté villageoise, ou encore, réunis en petit cercle, à se raconter mutuellement les songes de la nuit.

Si le songe était effrayant, on se plongeait dans des méditations, on avait peur pour tout de bon ; s’il renfermait un présage, on se réjouissait ou s’attristait sincèrement, suivant que ce présage était triste ou gai. Pouvait-il être détourné, on prenait sur-le-champ à cet effet des mesures efficaces.

À défaut de ce plaisir, on jouait au fou, aux atouts[1], et les jours fériés, avec les convives, on jouait le boston ; ou bien on faisait une grande patience, on disait la bonne aventure sur le roi de cœur ou la dame de trèfle, on prédisait un mariage.

Arrivait-il en visite une Natalia Thadéevna, elle restait huit ou quinze jours. Les vieilles commençaient à passer en revue avec elle tout le voisinage. Un tel, comment vit-il, de quoi s’occupe-t-il ?

Elles pénètrent non-seulement dans la vie intime, derrière la coulisse, mais encore dans les idées et dans les intentions ; elles lisent jusqu’au fond de l’âme ; elles mettent les coupables sur la sellette, surtout les maris infidèles.

  1. Deux sortes de jeux de cartes très-simples.