Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
OBLOMOFF.

monie, un festin ; mais après avoir baptisé, marié ou enterré un homme, ils oublient l’homme lui-même et sa destinée, et se replongent dans leur apathie habituelle, dont les fait sortir un événement semblable, un jour de fête, un mariage, etc.

Croyez-vous qu’on ne sache pas bien soigner les enfants là-bas ? Il ne faut qu’un coup d’œil pour voir quels poupons roses et pesants les mères y portent ou promènent avec elles. Leur principale préoccupation est de voir leurs babys gros, blancs et bien venants.

Dès qu’il leur naît un enfant, le premier souci des parents est d’accomplir sur lui de la manière la plus précise, sans aucune omission, toutes les pratiques exigées par les convenances, c’est-à-dire de faire un festin à la suite du baptême, après quoi commencent pour l’enfant les soins les plus attentifs.

La mère pose à elle-même et à la bonne le problème suivant : élever un marmot bien portant, le garder du froid, du mauvais œil et des autres influences malignes. Toutes deux se dévouent à ce que l’enfant soit toujours gai et mange beaucoup.

Aussitôt qu’on parvient à mettre le petit gars sur pied, c’est-à-dire quand il n’a plus besoin de sa bonne, que dans le cœur de la mère se glisse furtivement le désir de lui trouver une compagne assortie, aussi rose, aussi bien portante, alors arrive l’époque des