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OBLOMOFF.

quelle nature sont les nouvelles fâcheuses que doit annoncer la lettre d’un staroste : il ne peut y être question que d’une mauvaise année, d’arriérés, de diminution de revenus, etc. Cependant le staroste avait déjà donné des avis pareils à son seigneur la dernière et l’avant-dernière année, mais cette fois la malencontreuse lettre avait ému Élie comme l’eût fait toute autre surprise désagréable.

Et il y avait de quoi ! Ne fallait-il pas penser à prendre des mesures ? Rendons pourtant justice à la sollicitude d’Oblomoff pour ses affaires personnelles. Au reçu de la première lettre, bien des années auparavant, il avait ébauché dans sa tête un plan de divers changements et améliorations à introduire dans la gestion de ses biens. Il se proposait d’y amener différentes innovations économiques, administratives et autres.

L’auteur était loin d’avoir médité toutes les parties de son plan, et pourtant les lettres affligeantes du staroste se répétaient chaque année, et l’obligeaient à une activité d’esprit qui troublait sa quiétude. Oblomoff reconnut qu’il était urgent, avant la fin de son œuvre, d’entreprendre quelque chose de décisif.

Aussi, dès qu’il fut réveillé, conçut-il le projet de se lever immédiatement, de se laver la figure et, après avoir pris le thé, de réfléchir profondément, d’étudier plusieurs combinaisons, de les noter et