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serait d’en douter, tant est profonde à Oblomofka la foi au merveilleux !

Élie verra plus tard que le monde est arrangé plus simplement, que les morts ne se lèvent point de leur tombe, que quand on trouve des géants on les met dans une baraque, et les brigands en prison ; mais si la foi même dans les fantômes se perd, il n’en reste pas moins un fond de crainte et de mélancolie dont on ne peut se rendre compte.

Élie apprendra que les monstres ne font guère de mal ; le mal qui existe, il le connaîtra à peine, et pourtant à chaque pas il s’attendra à quelque chose d’horrible, il tremblera.

Et maintenant encore s’il se trouve dans une chambre obscure, ou en présence d’un cadavre, il frémit sous l’impression d’une crainte sinistre, dont le germe a été déposé dans son âme à l’époque de son enfance : le matin il rit de ses terreurs, il en pâlira le soir.



XII


Élie rêva ensuite qu’il était arrivé tout à coup à l’âge de treize ou quatorze ans. Il étudiait déjà dans le bourg de Verkliovo, à cinq verstes d’Oblomofka, chez l’intendant de l’endroit, l’Allemand Stoltz, qui