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OBLOMOFF.

noux et lui peigne lentement les cheveux, admirant leur souplesse et forçant Nastassia Ivanovna et Stépanida Tikhovna à les admirer.

Elle devise avec elles de l’avenir de son Élie, et en fait le héros de quelque épopée brillante de son invention. Celles-ci lui présagent monts et merveilles.

Mais voici venir le crépuscule. À la cuisine de nouveau pétille le feu, de nouveau retentit le bruit cadencé des couteaux : le souper se prépare. La livrée s’est rassemblée devant la porte cochère : là, on entend la balalayka et les éclats de rire : les gens jouent au gorelki.

Cependant, le soleil descendait derrière la forêt ; il jetait encore quelques rayons à peine chauds, qui pénétraient en bandes de feu à travers les arbres, et versaient des flots d’or sur les cimes des pins. Ces rayons s’éteignirent les uns après les autres ; le dernier resta longtemps, puis il s’enfonça comme une mince aiguille dans le fourré des branches et s’éteignit aussi.

Les objets perdirent leur forme ; tout se confondit dans une masse d’abord grise, puis foncée. Le chant des oiseaux faiblit par degrés ; bientôt ils se turent tout à fait, excepté un seul qui s’obstina, et, comme en dépit des autres, au milieu du silence général, fit entendre par intervalles son gazouillement monotone, mais toujours de plus en plus rare.

Lui aussi émit enfin un faible et sourd sifflement,