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OBLOMOFF.

bonne de ne point laisser l’enfant seul, de l’écarter des chevaux, des chiens, du bouc, de ne point s’éloigner de la maison, et principalement de ne pas lui permettre d’aller à la cavée, l’endroit le plus terrible des environs et qui jouissait d’une fort mauvaise réputation.

C’est là qu’on trouva un chien qui fut reconnu pour enragé, par ce seul fait qu’il s’était enfui à toutes jambes à l’approche des gens attroupés contre lui avec des fourches et des haches, et qui disparut quelque part derrière la montagne.

C’est dans la cavée qu’on jetait les charognes : la cavée était le repaire supposé des brigands, des loups et de mille autres êtres inconnus non-seulement dans la contrée, mais même dans le monde entier.

L’enfant n’a pas attendu la fin des recommandations maternelles : depuis longtemps déjà il a franchi la porte. Il parcourt la maison avec un ravissement joyeux et comme si c’était pour la première fois : il examine la porte cochère qui penche d’un côté, le toit de bois effondré vers le milieu, et où s’étale une tendre mousse verte, le perron chancelant, les ailes ajoutées et superposées à la maison, le jardin négligé.

Il a une envie extrême de grimper, pour voir de là le ruisseau, sur la galerie suspendue qui court autour du logis ; mais la galerie est vermoulue : on