Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
OBLOMOFF.

lités inappréciables : il était souple et moelleux, ne pesait nullement au corps et se pliait comme un esclave obéissant à ses moindres mouvements.

Élie ne portait jamais à la maison ni cravate ni gilet, parce qu’il aimait à être à l’aise. Ses pantoufles étaient longues, larges et molles ; lorsque sans regarder il descendait du lit sur le plancher, ses pieds y entraient infailliblement du premier coup.

Si Oblomoff demeurait au lit, ce n’était point par nécessité, comme quand on est malade, ou qu’on tombe de fatigue et de sommeil, ni par volupté, comme ferait un paresseux : garder le lit était son état normal. Quand il restait chez lui, — et il ne sortait presque jamais — il était toujours au lit, et toujours nécessairement dans la même pièce où nous l’avons trouvé, et qui lui servait de chambre à coucher, de cabinet et de salon de réception.

Il en avait encore trois autres, mais il n’y jetait qu’un regard en passant, quelquefois le matin, quand le domestique balayait son cabinet, ce qui n’arrivait pas tous les jours. Les meubles y étaient couverts de housses, les stores baissés.

La chambre où Élie était couché semblait à première vue parfaitement ornée. On y voyait un bureau en acajou, deux sofas en damas, et un joli paravent brodé d’oiseaux et de fruits fantastiques. Il y avait aussi des tentures de soie, des tapis, plu-