Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
OBLOMOFF.

« Probablement tel est mon sort… Qu’y puis-je ?… » balbutia-t-il à peine, vaincu par le sommeil.

« Quelque chose comme deux mille de revenu en moins… » dit-il tout à coup à haute voix en rêvant. « Tout de suite, tout de suite, attends… » et il se réveilla à demi. « Cependant… il serait curieux de savoir… pourquoi je suis… comme cela… » reprit-il en baissant la voix.

Les yeux d’Oblomoff se fermèrent tout à fait. « Oui, pourquoi ?… dit-il. Probablement… c’est… parce que… »

Il voulut, mais ne put prononcer les derniers mots.

C’est ainsi qu’il ne parvint pas à approfondir les causes ; sa langue et ses lèvres s’engourdirent soudain sur la moitié du mot et restèrent, comme elles étaient, à demi ouvertes.

Au lieu du mot, on put entendre encore un soupir, et aussitôt après retentit le ronflement cadencé d’un homme dormant sans souci.

Le sommeil arrêta le cours lent et paresseux de ses pensées, et tout à coup le reporta à une autre époque, auprès d’autres personnes, dans un autre pays, où nous le suivrons avec notre lecteur dans le chapitre suivant.