Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
OBLOMOFF.

Mais que Dieu te pardonne ! Entends-tu ? Trois heures qui sonnent ! Il n’en reste plus que deux jusqu’au dîner ; que peut-on faire en deux heures ? Rien. Et j’ai un tas d’affaires. Ma foi ! tant pis, la lettre attendra le prochain courrier ; quant au plan, je l’esquisserai demain.

Maintenant je vais me coucher un peu : je suis tout à fait accablé ; baisse les stores et enferme-moi bien, pour qu’on ne me dérange point ; peut-être dormirai-je une petite heure, et à quatre heures et demie tu me réveilleras.

Zakhare se mit en devoir de calfeutrer le barine dans sa chambre ; avant tout il le couvrit lui-même et borda sous lui la couverture, ensuite il descendit les stores, ferma hermétiquement toutes les portes et se retira chez lui.

« Puisses-tu crever, sacré satyre ! » grommela-t-il en essuyant les traces de ses larmes et en grimpant sur le poêle, « oui, satyre ! une maison à soi, un potager, des gages ! » disait Zakhare qui n’avait compris que les derniers mots. « Tu n’es bon qu’à dire des paroles lamentables : c’est comme s’il vous sciait le cœur avec un couteau ! Voilà ma maison et mon potager, et c’est ici que j’allongerai mes pattes[1] ! » disait-il avec fureur, en frappant sur le poêle. « Des

  1. Pour mourir.