Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
OBLOMOFF.

Oblomoff fit une révérence ironique à Zakhare et montra une figure extrêmement offensée.

— De grâce, monsieur, est-ce que je vous compare à qui que ce soit ?

— Loin de mes yeux ! dit Oblomoff d’un air impérieux, en montrant la porte de la main : je ne puis plus te voir. Ah ! « d’autres ! » c’est bien !

Zakhare se retira chez lui avec un profond soupir.

« Quelle vie, quand on y pense ! » grommela-t-il, en s’asseyant sur le poêle.

« Mon Dieu ! » gémissait Élie de son côté, « j’avais voulu consacrer la matinée à un travail utile, et voilà qu’on m’a bouleversé pour toute la journée. Et qui donc ? mon propre domestique ! Un homme dévoué, éprouvé, et que vient-il de dire ? comment a-t-il pu ?… »

Oblomoff pendant longtemps ne parvint pas à se calmer ; il se couchait, se levait, marchait et se recouchait. En l’abaissant au niveau des autres, Zakhare, à ses yeux, manquait à la déférence exceptionnelle qu’il devait à la personne du barine, à l’exclusion de tous et de chacun.

Il pénétra au fond de cette comparaison et examina ce qu’étaient les autres, et ce qu’il était lui-même, à quel degré était possible et vrai ce parallèle, et combien était grave l’affront que lui avait fait Zakhare ; enfin si Zakhare l’avait offensé en connaissance de