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OBLOMOFF.

pommade. Ici on s’aperçoit qu’un pied du fauteuil est cassé, là, le verre d’un cadre est brisé, ou le sofa est tout taché. Demande-t-on quelque chose ? Personne ne peut dire où ça est ; c’est perdu, c’est oublié dans l’ancien appartement : il faut y courir…

— Oui dà, quelquefois il arrive bien d’y courir une dizaine de fois, interrompit Zakhare.

— Tu vois, continua Oblomoff. Et si on se lève le matin dans le nouveau logement, quel ennui ! on n’a ni eau ni charbon, et en hiver on gèle ; les chambres sont froides et on n’a pas apporté le bois ! Va, cours, emprunte…

— Et encore Dieu sait quels voisins on aura ! fit de nouveau observer Zakhare : il y en a qui non-seulement ne vous prêteraient pas une brassée de bois, mais on aurait beau les prier, qu’on n’en obtiendrait pas une jatte d’eau.

— Tu vois, dit Élie. A-t-on fini le soir d’emménager ; il semble qu’on doive être quitte de tout tracas ; non pas, il y en a encore pour quinze jours. On croit que tout est à sa place, et on s’aperçoit qu’il reste toujours quelque chose à faire : accrocher les stores, pendre les tableaux. C’est à vous faire rendre l’âme, la vie vous devient odieuse… Et les dépenses, les dépenses !…

— La fois passée, il y a huit ans, cela nous a coûté