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OBLOMOFF.

sait ce qu’il y a de choses entassées, mais à la campagne, dans la tranquillité des vastes demeures et à l’air libre.

Là, il s’était habitué à servir, sans être gêné en rien dans ses mouvements, autour de meubles massifs ; il avait eu affaire à des instruments plus lourds et plus solides, tels que la pelle, le verdillon, les grands verrous des portes et les chaises qu’on déplaçait avec effort.

Il n’en était pas ainsi d’un bougeoir, d’une lampe, d’un transparent, d’un presse-papier. Ces objets restaient en place trois ou quatre ans sans accident ; Zakhare les touchait-il, crac, ils étaient brisés.

— Ah ! disait-il quelquefois à Oblomoff d’un air étonné, voyez donc, monsieur, quel miracle ! À peine ai-je pris cette petite machine en main, et voilà qu’elle tombe en morceaux !

Ou il ne disait rien du tout et remettait bien vite en cachette l’objet à sa place ; ensuite il faisait accroire au barine que c’était lui-même qui l’avait brisé ; quelquefois il se justifiait, ainsi que nous l’avons vu au commencement de ce récit, en prétendant qu’un objet, fût-il en fer, devait avoir une fin, qu’il ne pouvait durer éternellement.

Dans les deux premiers cas il y avait encore moyen de discuter avec lui, mais quand, poussé à bout, il s’armait du dernier argument, alors toute contra-