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OBLOMOFF.

c’est, ainsi qu’il se tourmente souvent des journées entières, et il ne revient en soupirant de ses illusions enchanteresses ou de ses douloureux soucis, que quand le jour décline, et que le large disque du soleil commence à descendre derrière la maison à quatre étages.

Alors il le suit de nouveau d’un regard rêveur, d’un sourire triste et se repose paisiblement de ses émotions.

Personne n’avait vu, personne ne connaissait cette vie intérieure d’Élie. On croyait en général qu’il restait couché tout bonnement, qu’il buvait et mangeait bien et qu’il n’y avait rien de plus à attendre de lui ; que c’est à peine si les pensées pouvaient se nouer dans sa tête. Ainsi glosaient sur son compte les gens qui le fréquentaient.

Stoltz était le seul qui pût témoigner de ces facultés, du volcanique travail intérieur de ce cerveau poétique, de ce cœur tendre ; Stoltz seul le connaissait, mais il n’était presque jamais à Pétersbourg.

Zakhare, qui passait sa vie autour de son barine, savait encore plus en détail toute son existence intérieure, mais il était convaincu que le barine et lui travaillaient comme il convient, vivaient selon la règle et qu’on ne devait pas vivre autrement.