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OBLOMOFF.

une feuille de papier, une plume, réfléchit, réfléchit, et finit par envoyer chercher l’écrivain public.

À la campagne les comptes étaient réglés par le staroste. « Qu’a donc à faire la science en tout cela ? » se disait-il avec incertitude.

Et il rentra dans sa solitude sans le bagage de savoir capable de diriger sa tête qui vaguait à l’aventure et sa pensée qui sommeillait dans l’oisiveté. Que faisait-il donc ? Toujours il continuait à broder la trame de sa propre existence.

Il trouvait, non sans raison, tant de philosophie et de poésie dans sa vie qu’il ne pouvait épuiser ni l’une ni l’autre, même sans le secours des livres et de la science.

Après avoir fait faux bond au service et à la société, il commença à résoudre autrement le problème de son existence : il en approfondit le but et découvrit à la fin que le cercle de son activité et de son être était renfermé en lui-même.

Il comprit qu’il avait reçu pour lot le bonheur de la famille et les soins de la propriété. Jusqu’alors il connaissait peu l’état de ses affaires, dont Stoltz s’occupait quelquefois à sa place. Il ne se doutait pas du compte exact de ses recettes et de ses dépenses : il ne faisait point de budget ; il ne faisait rien.

Le vieux Oblomoff transmit à son fils sa propriété, telle qu’il l’avait reçue de son père. Quoiqu’il y