Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
OBLOMOFF.

plaisir, il montra, dans le lointain à Oblomoff les voies plus sérieuses de leur vie à tous les deux, et l’entraîna ainsi vers l’avenir. Tous deux s’émouvaient, pleuraient et échangeaient la promesse solennelle de marcher dans le sentier de la raison et de la lumière.

La chaleur juvénile de Stoltz gagnait Oblomoff ; il était dévoré de la soif du travail ; il aspirait au but lointain, mais enchanteur.

Pourtant la fleur de la vie s’épanouit et ne donna point de fruits. L’ivresse d’Oblomoff se dissipa, et ce ne fut plus que rarement, d’après les indications de Stoltz, qu’il se résigna à parcourir tantôt un livre, tantôt un autre, non d’un trait, mais sans hâte, sans ardeur, avec paresse et en suivant les lignes d’un œil languissant.

Quelque intéressant que fût le passage sur lequel il s’arrêtait, s’il était surpris par l’heure du dîner ou du sommeil, il retournait le livre tout ouvert, et allait dîner ou éteignait la lumière et se couchait. Si on lui donnait un premier volume, après l’avoir lu, il ne demandait pas le second ; et, si on l’apportait, il le parcourait lentement.

Il n’eut même bientôt plus le courage de lire le premier volume en entier et passa la plus grande partie de ses loisirs, le coude appuyé sur la table et le front sur le coude ; parfois au lieu du coude il se servait du livre que Stoltz le forçait à lire.