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OBLOMOFF.

plongent leurs regards dans ses yeux, puis regardent le ciel ; qui jurent que leur vie est vouée à la malédiction, et quelquefois s’évanouissent. Il se détournait de ces vierges avec terreur.

Son âme était encore pure et neuve : il se peut qu’elle attendît son heure, son amour, sa passion vraie et il paraît qu’avec les années elle cessa d’attendre et désespéra.

Élie s’éloigna encore plus froidement de la foule des amis. Aussitôt après la première lettre où le staroste lui annonçait des arriérés et des années mauvaises, il remplaça le premier ami, le cuisinier, par une cuisinière, puis il vendit ses chevaux et enfin il congédia les autres « amis. »

Il n’avait presque plus rien qui l’attirât hors de chez lui, et chaque jour il se cloîtrait de plus en plus dans son appartement.

D’abord il trouva pénible de rester habillé toute la journée, ensuite il mit de la paresse à dîner ailleurs que chez des intimes : il préférait les célibataires chez qui l’on pouvait ôter sa cravate, déboutonner son gilet, et même s’étendre à son aise et sommeiller une petite heure.

Bientôt les soirées l’ennuyèrent : il fallait endosser un habit, se raser tous les jours. Il avait lu quelque part que, si la rosée du matin était salutaire, le serein était nuisible et il commença à craindre l’humidité.