Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
OBLOMOFF.

linge ; tout est couvert de poussière. C’est une horreur ! Tandis que là-bas, ton ménage sera tenu par une femme : ni toi, ni ton imbécile de Zakhare…

Le grognement retentit plus fort dans l’antichambre.

— Ce vieux chien galeux, continuait Taranntieff, n’aura rien à penser : tu seras fourni de tout. Qu’as-tu à hésiter ? Déménage, et voilà…

— Comment ? Tout à coup ! Pour or ni pour argent je ne m’en irais dans le quartier de Viborg.

— Allez donc lui parler raison ! dit Taranntieff, en essuyant la sueur de son front. Nous voici à l’été : cela te fera une maison de campagne. Pourquoi pourris-tu ici l’été, à la Gorokhovaya ?… Tu as là le jardin de Bezborodka, tu as Okhta sous la main, la Néva à deux pas. De plus un potager à ton service, pas de poussière, pas de chaleur. Il n’y a pas à balancer : je ne ferai qu’un bond chez elle avant dîner ; toi, donne-moi le prix de la course, et demain on déménage…

— Quel homme ! dit Oblomoff, il vous invente d’un coup le diable sait quoi. Dans le quartier de Viborg !… Voilà une idée qui n’a pas coûté grand effort d’imagination. Non, trouve-moi quelque chose pour que je reste ici. J’y loge depuis huit ans, je n’ai donc pas envie de changer…

— C’est arrêté : tu déménages. Je vais de ce pas