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dans sa miséricorde, laissé près de moi.

On n’attendait plus que le rétablissement de la jeune fille pour célébrer le mariage. Robert lui avait appris, avec bien des ménagements, le double malheur dont avait parlé le docteur.

C’était sa ruine complète à quoi il avait fait allusion.

En apprenant la pauvreté dans laquelle elle demeurait, Géraldine soupira, non pour elle, mais pour Robert, elle ne pourrait plus, maintenant, lui procurer le bonheur de retourner en France, pour revoir sa mère.

M. de Carre

— Quoi, Robert, dit-elle un jour, il ne t’en coûtera pas maintenant de m’épouser ?

M. de Marville la regarda sans répondre, son regard était tellement rempli de tristesse, que Géraldine comprit qu’elle l’avait gravement offensé.

— Robert, pardonne-moi, je te fais injure en te parlant ainsi : mais cette union retardera ton retour en France.

— Et crois-tu que je pourrais retourner en France sans toi ? maintenant, nous sommes pauvres et je ne t’en aime que davantage ; il m’en coûtait de tout recevoir et ne rien donner.

— Robert, comment puis-je te remercier ?

— En me disant que tu ne regrettes plus de n’être pas riche, et que tu seras heureuse avec moi.

— Ai-je besoin de te le dire, je n’ai désiré les richesses que pour toi, mais s’il me fallait travailler nuit et jour pour te rendre heureux, je le ferais avec bonheur.

CHAPITRE XIX
un malheur n’arrive jamais seul.

Depuis la mort du docteur, Gontran était venu tous les soirs visiter sa cousine. Il lui témoignait la plus grande affection et ne parlait de son père qu’avec émotion.

Géraldine lui était reconnaissante, le croyant sincère.