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En ce moment, ils furent interrompus, le général s’était levé et proposa la santé des futurs mariés : il parla longtemps et fut bien goûté de toute l’assemblée. M. d’Estimauville répondit, remerciant avec émotion son général des vœux qu’il venait de faire pour son bonheur.

Ensuite Montcalm se retira pour aller retrouver son aide de camp.

La Fiancée de M. d’Estimauville

Le marquis était un homme d’une activité extraordinaire ; il ne pouvait demeurer longtemps inoccupé, infatigable au travail, son esprit était toujours occupé à de nouveaux projets. Ce fut heureux pour lui de posséder un tel caractère, car en arrivant de France, toutes ses espérances et son courage se seraient évanouis en constatant le peu de forces que possédait la colonie. Avec les renforts qu’il amenait, les troupes ne s’élevaient qu’à trois mille sept cent cinquante deux hommes de milice canadienne et quelques centaines de sauvages.

C’était avec cette poignée de gens qu’il devait se défendre contre les Anglais, supérieurs en si grand nombre.

Il ne se découragea pas et, malgré les trahisons des peuplades indigènes, malgré l’insuffisance des secours venant d’Europe, il sut conserver pendant trois ans ce vaste territoire à la France, et quelle reconnaissance lui fut témoignée par la mère-patrie ? Tandis que l’Angleterre ramenait triomphalement le corps de Wolfe, les restes de Montcalm demeuraient oubliés sur une terre étrangère. Il ne devait même pas dormir avec ses pères sous le ciel de sa patrie. Il demeurait enseveli dans la chapelle des Ursulines à Québec, sans qu’aucune inscription ne vint indiquer là sa présence.