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que l’heure est venue où de grandes choses vont s’accomplir. Ne serait-il pas le héros choisi de Dieu pour cette grande œuvre ?

Sur ces entrefaites, une riche veuve, Khadidja, qui depuis plusieurs années l’avait attaché à son commerce, lui donne sa main.

Désormais à l’abri du besoin, Mahomet qu’obsède de plus en plus sa vision religieuse et patriotique renonce aux pérégrinations lointaines et se livre, en toute liberté, à son goût pour la méditation. C’est alors qu’on le vit, au temps de ramadan surtout, c’est-à-dire pendant les pèlerinages et la trêve sacrée, fuir le milieu bruyant de la ville sainte, alors pleine de vendeurs affairés et dévots, pour vivre solitaire dans une caverne du mont Hira. Loin de nuire à sa réputation, ces excentricités l’augmentèrent encore. Le mystère dont il aimait à s’entourer commençait à intriguer l’opinion publique. On parlait vaguement de visions étranges, de prodiges singuliers dont la caverne d’Hira serait le théâtre et Mahomet le témoin et le héros. Ses vertus naturelles, la gravité de ses mœurs, son éloquence, sa douceur, prédisposaient à interpréter en bonne part les étranges rumeurs qui couraient sur son compte. Si grande était l’estime qu’on avait pour lui, qu’on ne le nommait plus que El-Amin « l’homme sûr ».


l’Envoyé de Dieu.


Quinze ans durant Mahomet garda sur ses desseins un silence absolu — il fallait les mûrir ; et quand il se résolut à formuler son illusion opiniâtre ou son imposture longuement préméditée, il eut des hésita-