qu’un homme intelligent peut se persuader que Dieu est à ses ordres pour régler surnaturellement les marches et les contre-marches d’une bande de pillards complices de ses noirs desseins de vengeance, pour légitimer, par un décret signé de la main d’un ange, ses rapts, ses adultères, ses vols, ses assassinats ? — Et cependant c’est le rôle misérable et sacrilège que Mahomet ne rougit pas de prêter à Dieu. Gabriel vient juste à point lui dicter ses manifestes et ses bulletins de victoire, approuver ses crimes, régler même, quand il le faut, ses affaires de ménage (surates 33, 53 et 66). — La sincérité dans de pareilles circonstances ne se conçoit que comme une des formes de la folie. Plaider la bonne foi absolue de Mahomet, c’est plaider son inconscience et à cette inconscience nous ne croyons pas. Il a donné en sa vie trop de preuves d’intelligence pour qu’il soit permis de le regarder comme un fou. Il s’est donc condamné lui-même quand il a écrit : « Quelle impiété que de faire Dieu complice d’un mensonge, que de s’attribuer des révélations que l’on n’a pas, que de dire : Je ferai descendre un livre égal à celui que Dieu envoya ! vi, 93. »
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