un prophète faux, un imposteur. Soyons précis, le sujet en vaut la peine.
Ce qui peut donner tout d’abord quelque apparence de vérité à la thèse chère aux rationalistes, qui fait de Mahomet un visionnaire convaincu, un halluciné victime de ses rêves, un contemplatif souvent trahi par ses nerfs fatigués, ou égaré par son imagination exaltée, mais toujours sincère : c’est l’accent de conviction profonde, avec lequel le Prophète parle de sa foi en un Dieu unique, créateur, rémunérateur, et vengeur ; de sa confiance en la bonté et la providence d’Allah ; de son horreur de l’idolâtrie. Cette foi, assurément le meilleur côté de sa nature, le Prophète trouve pour l’exprimer des accents qui parlent à l’âme, des cris qui vont au cœur. Impossible de lire le Coran sans être frappé de l’ardeur de cette conviction ; elle ne se dément pas un seul instant, elle est communicative et s’impose. Aussi, s’il s’était borné à prêcher pacifiquement le culte du Dieu unique, nous admettrions sans difficulté que Mahomet ait pu prendre au sérieux son rôle de prophète, nous ne verrions même pas de grands inconvénients à concéder, surtout étant données ses prédispositions maladives à un mysticisme exalté, qu’il ait pu se croire visité de Dieu, pour faire triompher sa cause et établir son culte sur les ruines de l’idolâtrie.
Mais Mahomet ne s’en tint pas là. Il fut bien moins un apôtre qu’un conquérant : dès le premier jour il mène de front ses affaires et celles d’Allah, et se préoccupe moins de fonder une religion que d’établir un empire. Comme tous les conquérants, il use de duplicité et de violence. Le désir de réussir l’obsède, et, à ce désir il sacrifie tout, même la vérité, la justice et la morale. À qui fera-t-on croire