« incréé et éternel. » Plusieurs sectes soutiennent énergiquement cette dernière absurdité. Tout fidèle est obligé d’en faire faire une copie, et le sultan deux, comme fidèle et comme prince. On l’enrichit d’or et de pierreries ; un musulman ne le toucherait pas sans s’être purifié rituellement, et ne le tiendrait jamais, en le lisant, plus bas que la ceinture. Les versets en sont inscrits sur les bannières et sur les palais ; on l’emporte avec soi à la guerre, on le consulte dans les cas douteux, et l’on regarde comme une profanation de le laisser tomber dans les mains des mécréants. Étonnons-nous après cela de la caducité des empires arabes, et de l’infériorité de la civilisation musulmane.
Nous devons cependant faire remarquer, pour être complètement justes, que Mahomet ne porte pas seul la responsabilité de la publication du Coran. Il est même douteux que la pensée de publier son journal politique et religieux lui soit jamais venue. La collection actuelle n’est pas son œuvre ; il mourut ne laissant que des feuillets épars. S’il avait entrepris de les réunir pour en faire un livre, il n’aurait pas manqué d’en faire disparaître les 255 contradictions qui ont tant de fois exercé la patience et la sagacité des commentateurs du Coran ; et il aurait sans doute mis chaque bulletin à la place que lui assignait la date de l’apparition du messager céleste dont il disait le tenir. La collection actuelle, en effet, absolument étrangère à toute idée d’ordre ou de symétrie, fourmille de contradictions, et la raison en est très simple : chaque surate exprime la pensée, la passion, la préoccupation personnelle, politique ou religieuse, qui agitaient l’âme du fondateur de l’Islamisme à l’heure où il récitait à ses secrétaires les révélations opportunes de l’ange