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pour aller voir Bint-Khâridja ? » — « Va » lui répondit Mahomet. Abou-Bekr se retira aussitôt, et se rendit au faubourg de Sounh, où Bint-Khâridja, femme de Médine, qu’il avait épousée, habitait parmi ses parents les Benou-el-Hârilh, branche de Khazradj.

Mahomet rentra dans son appartement et y resta seul avec Aïcha. L’effort qu’il venait de faire l’avait épuisé. Il s’étendit sur son lit et demeura affaissé quelques heures. Puis il prononça des mots entrecoupés : « Mon Dieu !… oui… avec le compagnon d’en haut » (l’ange Gabriel). En ce moment, Aïcha, qui tenait sur ses genoux la tête du malade, la sentit s’appesantir. Elle regarda ses yeux ; ils étaient fixes et éteints. Alors elle posa sur un coussin la tête du Prophète, et se mit à gémir et à se frapper le visage. Les autres femmes de Mahomet accoururent, et firent éclater leur douleur de la même manière.

Ainsi disparut de la scène du monde, à l’âge de 63 ans, un des plus troublants génies dont l’histoire fasse mention.


l’Homme privé.


Mahomet était d’une taille moyenne, avait la tête large et forte, la peau brune et colorée, les cheveux d’un noir d’ébène, les yeux grands et vifs, le front large et proéminent, le nez aquilin, les mains et les pieds rudes. Sa charpente osseuse annonçait la vigueur. Au repos, sa physionomie était douce et majestueuse, mais, quand il était en proie à la colère, elle devenait terrible, et on voyait entre ses sourcils une veine se gonfler d’une manière effrayante.

Frugal dans ses repas, jusqu’à se contenter d’un