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des historiens arabes : « Une nuit que Mahomet couchait dans l’appartement d’Aïcha, agité par un malaise qui l’empêchait de fermer l’œil, il se leva, éveilla un de ses serviteurs, Abou-Mowahiba, et sortit avec lui. Il se rendit au cimetière Baki-el-Gharcat. « Salut, dit-il, habitants des tombeaux ! reposez en paix à l’abri des épreuves qui attendent vos frères ! » Il pria ensuite pendant plusieurs heures pour les âmes des musulmans inhumés en ce lieu. Il était en proie à la fièvre quand il rentra le matin chez Aïcha… De ce moment la fièvre ne le quitta plus…

Une des dernières fois qu’il parut à la mosquée, il entra soutenu par ses cousins Ali et Fadhl fils d’Abbas. Il se plaça sur la chaire, et, après avoir payé à Dieu un tribut de louanges, il parla ainsi : « Musulmans, si j’ai frappé quelqu’un de vous, voici mon dos ; qu’il me frappe. Si quelqu’un a été outragé par moi, qu’il me rende injure pour injure. Si j’ai pris à quelqu’un son bien, tout ce que je possède est à sa disposition ; qu’il reprenne ce qui lui est dû. Qu’on ne craigne pas en cela de s’attirer ma haine, la haine n’est pas dans mon caractère. » Il descendit alors et fit la prière de midi. Puis il remonta en chaire et, comme il répétait les paroles qu’il venait de prononcer, un individu réclama de lui le payement d’une dette de trois dirham, que Mahomet lui restitua aussitôt en disant : « Mieux vaut la honte en ce monde que dans l’autre. » Il pria ensuite pour les musulmans qui avaient péri au combat d’Ohod, et implora en leur faveur le pardon céleste. Il ajouta en faisant allusion à lui-même et à son état : « Dieu a donné à son serviteur le choix entre le monde et le ciel, et le serviteur a choisi le ciel. » À ces mots Abou-Bekr s’écria en pleurant : « Que