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tions, et n’arriva que par degrés à livrer tout son secret, d’abord à des amis sûrs, puis aux habitants de la Mecque, puis aux pèlerins de toute l’Arabie réunis autour de la Kaaba, et enfin, dans la mesure du possible, à l’univers tout entier. Lentement sa pensée se fait jour, son dessein s’accuse, son ambition grandit. Le solitaire de Hira conversait avec les anges ; Gabriel, le messager d’Allah, a écrit dans son cœur le livre qui doit donner au monde la véritable et pleine doctrine. « Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. » L’Arabie est divisée, l’Arabie est idolâtre ; le monde est en proie à l’erreur. Mahomet, le plus grand et le dernier des prophètes, va rendre à son peuple l’unité et la vérité, et, avec son peuple et par son peuple uni et soumis à Dieu, faire triompher par toute la terre l’islamisme, c’est-à-dire, la soumission à Allah et le véritable culte d’Abraham, dont le paganisme est la négation, le judaïsme et le christianisme des altérations successives et criminelles. Il est lui, Mahomet, le disciple fidèle du père des croyants, destructeur des idoles, le Messie prédit par les prophètes, le Paraclet promis aux chrétiens.

Ses premiers confidents, ses familiers, ses amis, sa femme, son esclave Zeïd, son cousin Ali, son futur beau-père Abou-Bekr, le poète Waraca, fascinés par son génie, flattés du rôle glorieux que leur réservait le Prophète, dans l’épopée grandiose qu’il déroulait sous leurs yeux, avec le feu et l’enthousiasme d’un voyant pour qui l’avenir appartient déjà à l’histoire, crurent à sa mission divine et furent ses premiers disciples. En dehors de ce cercle intime, l’accueil fait au visionnaire fut froid et réservé. Au bout de trois ans d’infatigables prédications, il avait encore si peu de disciples qu’il pouvait les réunir