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parole[1], et même par Bachaumont, s’indignant, de fort bonne foi, de la mésalliance de Thélaïre avec un petit dessinateur des Menus. Belanger lui-même prit le mensonge au sérieux, jusqu’à songer à faire du mensonge une vérité. Mais l’actrice ne voulait que d’un mari in partibus ; et Belanger resta tout simplement son prôneur, son admirateur, le garde du corps de son talent, dévoué toujours, et à toutes les heures et sur tous les terrains, en paroles et en actions, envers et contre tous, et même l’épée au vent contre l’ennemi personnel de Sophie, l’amant de Raucourt, le marquis de Villette[2]. Belanger fut

  1. Sophie disait : « Que voulez-vous ? tant de gens cherchent à ruiner ma réputation, qu’il faut bien que je prenne quelqu’un pour la rétablir : je ne pouvais faire un meilleur choix, puisque j’ai pris un architecte ! »
  2. Correspondance secrète, vol. VII On connaît les vers du marquis de Villette sur Sophie :

    Elle a l’embonpoint de l’Envie.
    Je cherche un sein, des globes nus,
    Une cuisse bien arrondie,
    Quelques attraits… soins superflus !
    Avec une telle momie.

    Et voici le récit de la querelle et du duel simulé de Belanger avec Villette que nous donnent les Mémoires secrets de la République des lettres : La querelle survenue entre Mlle Arnould et Mlle Raucourt a dégénéré en une guerre ouverte. Le sieur Bélanger, dessinateur des Menus et amant de la première, a pris fait et cause pour elle contre le marquis de Villette, chevalier de la seconde ; et les propos ont été si vifs de la part du premier, que celui-ci a voulu en venir aux voies de fait, et écraser le polisson qui osait lui tenir tète. Cette scène