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ne pense. Et comptez encore, en ce parfait arrangement, la gratitude très humble que le modeste émule de Vitruve avait pour les bontés dont l’honorait cette reine. Que de raisons pour faire retrouver, non la constance, mais l’amour à Sophie ! Et l’amour retrouvé, Belanger ne le laissa pas mourir. L’oubliait-on ? il savait se rappeler par des traits qui portaient coup, des tours dont Sophie ne savait pas perdre le souvenir et que son esprit racontait à son cœur. Un jour, Sophie, éprise du comédien Florence, envoie son congé à l’architecte. Bélanger de changer l’enveloppe et d’envoyer le congé au comédien. Du quiproquo, Murville fit une pièce, — mon Compte-rendu, disait Sophie, — et Belanger obtint son retour en grâce auprès de la pauvre Sophie, fort refroidie par la longue mine de Florence[1].

À chaque rentrée, il s’établissait de plus belle dans ce cœur ouvert et vénal ; il était et semblait une façon de mari de l’actrice. Quand Paris commence à parler trop haut de la liaison de Sophie avec Mlle Raucourt, Sophie n’a qu’à dire avoir épousé Bélanger pour être crue sur

  1. François-Joseph Belanger, attaché aux Menus pendant seize ans, fut l’architecte de Bagatelle, le dessinateur des jardins de Belœil, de Méré ille, de Saint-James, du jardin de Beaumarchais. Né à Paris en 1744, Belanger y mourait le 1er  mai 1818. — Voir la notice sur J.-J. Belanger architecte. Paris, Ballard, 1818, in-8 de 14 pp. par Mlle A. Loiseau.