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« Les amateurs de l’Opéra sont aujourd’hui calmés sur les craintes qu’ils avaient concernant Mlle Arnould. Cette actrice, par une audace sans exemple, avait manqué à Fontainebleau, si essentiellement à Mme la comtesse Dubarri, qu’elle s’en était plainte au Roi. Sa Majesté avait ordonné que Mlle Arnould fût mise, pour six mois, à l’Hôpital[1] ; mais Mme Dubarri, revenue bientôt à son caractère de douceur et de modération, a demandé elle-même la grâce de celle dont elle avait désiré le châtiment et a sacrifié sa vengeance personnelle aux plaisirs du public qui aime cette actrice. Le Roi a eu peine à se laisser fléchir, et il a fallu toute l’aménité, toutes les

  1. Mais, pendant quelque temps, ce mot humiliant d’hôpital, Mlle Arnould ne pouvait entrer à l’Opéra, sans l’entendre courir autour d’elle, sur les lèvres de camarades qui se vengeaient. — Sur les rapports de Sophie Arnould avec Mme Du Barry, nous trouvons cette note dans les papiers en possession de M. Doucet.

    Après avoir dit que la première fois que Marie-Antoinette vint à l’Opéra, la pièce avait été choisie à l’avance pour fournir d’aimables allusions, elle ajoute : « Dès la semaine précédente, Mme Du Barry m’avait envoyé son secrétaire, pour me recommander les décorations, les costumes et tous les accessoires de circonstances, qui font d’une soirée ordinaire une véritable fête de cour.

    « En mon particulier, la favorite daigna me faire cadeau d’une énorme boîte de pastilles, accompagnée d’un billet où je trouvai ces paroles : « Surpassez-vous, ma belle Sophie, « car il ne s’agit pas ici de votre jeune comtesse, mais de la fille des Empereurs. » (Morceaux détachés, ou supplément aux Mémoires de Mlle Arnould de la collection A.-J. Doucet.)