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-ruelle de Sophie pleine, cette ruelle qui était l’hôtellerie de tous ceux qui avaient leur cœur ou leur esprit à perdre, leur jeunesse à jouer où à regagner. À la table de Sophie, la meilleure noblesse du royaume venait demander l’ivresse et la licence du vin[1]. À cette table, — un autel de la vie libre et des libres amours ! — les jeunes ducs, tout bottés pour l’exil, venaient jurer, entre les mains de la maîtresse de maison, fidélité éternelle aux déesses de l'Opéra[2]. Oh ! le triomphe de Sophie ! Les ambassadeurs étrangers la couvraient de diamants, les altesses sérénissimes se mettaient à ses genoux, les ducs et pairs lui envoyaient des équipages, les princes du sang daignaient l’honorer d’enfants[3] !


    généralement tous les biens, meubles et immeubles présents et à venir qu’il a affectés, obligés et hypothéqués à la garantie delà dite rente viagère, et au payement exact d’icelle pendant la vie de Mlle Arnould… Fait et passé à Paris, l’an mil sept cent soixante-dix avant midy.

    Signé :
    M. L. Arnould,
    d’Alsace, prince d’Hénin, Laroche, Duloz.

    (Pièce relevée par Maurice Tourneux, chez Me Dufour, notaire.)

  1. Rapports de police sur les femmes galantes. Revue rétrospective, 2e série, vol. III.
  2. Correspondance secrète, vol. II.
  3. Sophie eut, dit la chronique galante, une fille du prince de Condé qui épousa le comte de R…