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et des meubles à l’avenant, un carrosse et des chevaux superbes. Il faut croire que le fol (tel qu’il soit) a payé pour tout le monde, et si c’est M. le prince de Conty, je la crois obligée d’avoir c.. ouvert une fois par semaine, à l’imitation de son magnifique amant qui a maison ouverte tous les lundis ; cela ne l’empêche pas d’avoir toujours sa loge à toutes ses belles à c.., duquel j’ai l’honneur d’être quelquefois du nombre, et je puis vous assurer que son ordre de baiser n’en est pas plus diminué, les unes ont le front, les autres les yeux, les autres le col ; quant à moi, j’ai toujours mon petit bout de menton[1] , et ni en tiendrai longtemps, je crois, à cette partie ; vous ne me conseillerez pas, je crois, de descendre plus bas. Trêve de plaisanteries que je ne me permettrais qu’avec

  1. Des contemporains attribuent la paternité d’un enfant de Sophie Arnould au prince de Conti, à ce prince auquel on connut 60 maîtresses déclarées, sans compter le menu et les imperceptibles. Cette lettre, ainsi que ce passage des morceaux détachés des Mémoires de la chanteuse, peuvent en faire douter : « Le prince eut un moment l’intention de se livrer à moi. Mais il m’aurait voulue toute à lui, sans nulle distraction ni réserve. Je n’ai jamais eu de goût pour les grandeurs exagérées et je suis de l’avis de ce philosophe qui disait que le bonheur ne se plaît et ne se trouve que dans la modération. Le prince m’honora toujours de son regard charmant, de ses cadeaux remplis de goût, et du soin qu’il mettait à faire valoir soit mes succès, soit mes paroles. » (Morceaux détachés ou supplément à la portion des Mémoires de Mlle Arnould écrits par elle-même. — Feuilles détachées manuscrites faisant partie de l’édition préparée. Collection de M. Doucet).