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régler son clavecin. Jéliote, lui-même, Jéliote! daignait chanter avec elle. Elle croissait en grâces, en agréments, en talents. Mme de Conti avait gardé ses habitudes italiennes. De temps en temps, elle allait faire des retraites dans un des quatre couvents qu’elle aimait. Son choix tomba cette fois sur Panthémont, qui était dans son voisinage. Arrivée à Panthémont, Mme de Conti trouve le couvent dans la consternation : la religieuse qui doit chanter les Ténèbres est tombée soudainement malade. Mme de Conti propose sa petite protégée pour la remplacer. L’abbesse accepte la doublure. L'office commence, — c'était le mercredi saint, — la jeune fille se hasarde, s’enhardit, ravit les cœurs et les oreilles. Le lendemain au matin, l'église de Panthémont fut pleine. Quand Sophie eut fini, il y eut un murmure d’enchantement. Le vendredi, l’église était prise d'assaut, et plus de deux cents carrosses étaient renvoyés. Ce fut le Miserere de Lalande qui sortit ce jour-là de la bouche de Sophie, et chanté sur un si grand ton de plainte et avec une telle harmonie gémissante, que la chanteuse ne fut applaudie que par des larmes.

III

Un succès que ce début improvisé : la nouvelle et l'événement, l'occupation du jour et du lende-