Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

les heures lentes de ses longues journées. Elle la mettait sur ses genoux, tantôt la jetait au clavecin, tantôt l'emportait dans son carrosse, tantôt l'asseyait au salon et lui faisait divertir l’assemblée., ou tout à coup la poussait dans l’antichambre regarder bâiller ses laquais.

Rien n’avait été négligé pour l'éducation de virtuose de Sophie : Ma mère, écrit-elle, cette femme tant aimée de moi, tant aimable, tant regrettable, m'a donné des maîtres dans tous les genres. Et elle dit qu'avant l’âge de douze ans les langues latine et italienne lui étaient familières. À dix ans elle chantait comme une cantatrice. Le temps de sa première communion approchant, elle fut mise au couvent des Ursulines de Saint-Denis, dont la supérieure était la compatriote et l'amie de sa mère. Là, déjà, sa voix fit merveille. La cour et la ville accoururent à une fête de Saint Augustin pour l'entendre. Voltaire, du fond de Ferney, écrivit à la petite Arnould, sur ses succès de chanteuse et sa première communion, une épitre si piquante que Mlle Arnould la jeta sur l'heure au feu sans en permettre une copie à M. le duc de Nivernais qui la priait à deux genoux.

Au sortir de Saint-Denis, Sophie rentra définitivement chez Mme de Conti, à son grand hôtel de Conti. Elle eut les plus célèbres professeurs d'harmonie. Balbatre avait la bonté de venir