Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sophie Arnould
D’après sa correspondance et ses mémoires inédits.




I


De rares créatures, et semées dans le temps à de longs intervalles, ces femmes, qui, vivantes, sont le scandale d’un siècle, — et mortes, son sourire.

Un grand homme semble moins coûter au faiseur de créatures qu’une courtisane. L’Histoire a vécu six mille ans : devant elle ont passé des armées de héros, de capitaines, de rois, de sages ; à peine a-t-elle compté dix muses de l’Amour, de Vénus et de la Fortune.

C’est qu’il leur faut, à ces enfants gâtés du souvenir des peuples, tant et de si immortels enchantements ! Cherchez parmi le troupeau des viles amoureuses, parmi ce peuple de Plangones et de Polyarchis ; combien en trouverez-vous qui se soient survécu, et dont les hommes