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-mençait à dire : « Hélas ! je paye tous les jours l’honneur de m’être élevée par la peine de me soutenir ! » Elle reparaissait dans Euthyme et Licoris, fière de l’espoir de contrebalancer le succès de Rosalie dans Alceste, mais sa maigre voix était mourante et Gluck tout-puissant ; les huées étaient telles qu’on croyait à une retraite immédiate et absolue. Le royal appui que lui apportait la reine Marie- Antoinette à une représentation d’Iphigénie ne faisait qu’exaspérer les mécontents. Écoutez Bachaumont : « La Reine, sensible aux huées dont le parti adverse poursuivait Mlle Arnould, crut les faire cesser, en se déclarant et en applaudissant beaucoup cette actrice ; mais cette manœuvre n’a pu contenir les mécontents, qui ont continué leurs clameurs indécentes. » Laharpe[1] nous raconte les brutalités du public à son égard clans cet opéra : «Depuis longtemps on désire sa retraite, elle n’a plus de voix et son grasseyement, autrefois une des grâces de sa jeunesse, est devenu désagréable. Elle a d’ailleurs conservé toute la lenteur du chant français qui n’est plus de mode. Mlle Arnould jouant dans le rôle d’Iphigénie disait à Achille :

Vous brûlez que je sois partie !
  1. Correspondance de Laharpe, lettre LXIV.