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avoir d’un genre de musique où {Mlle|Arnould}}, par exemple, n’est plus la première actrice ; où M. Legros perd tous les agréments de sa belle voix, puisqu’il n’y a ni cadence à faire, ni sons prolongés à soutenir ; où le récitatif est aussi simple que la parole. Si M. Gluck prend la peine de noter non seulement les inflexions de sa voix, mais encore les longues et les brèves, le mouvement et la durée, n’est-il pas évident que l’actrice n’a plus rien à faire ? On a cherché longtemps la raison pour laquelle {Mlle|Arnould}} ne brillait pas dans les opéras de M. Gluck ; c’est justement parce qu’elle est bonne actrice. C’est parce que, dans la bonne et véritable musique nationale, elle pouvait abréger ou prolonger à son gré les sons de sa voix, suivant que sa manière de sentir l’exigeait, ou même suivant qu’elle était plus ou moins fatiguée. Mais aujourd’hui qu’il s’agit de s’assujettir à la mesure comme une simple coryphée, qu’a-t-on besoin de son talent ? Il devient superflu. »

XXXI


Cependant Sophie Arnould persistait héroïquement à faire plaider sa voix, à parler au public, à travailler laborieusement à la reconquérir. Les années étaient venues où elle com-