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XXVIII


Alors dans ce partage du public, dont une fraction, et la plus nombreuse, est allée à sa rivale, la dédaigneuse Sophie se retourne vers la presse théâtrale ; — et qu’un de ses journalistes, Lefuel de Méricourt, lui fasse un aimable bout d’article[1], elle lui riposte aussitôt par cette lettre biographie :

Je ne puis que vous remercier, Monsieur, des choses obligeantes que vous avez mises dans votre journal, tant sur mes faibles talents que sur mon personnel. Je m estimerais trop heureuse si le public me jugeait avec la même indulgence, et s’il rendait justice aux efforts que

  1. Donnons l’article :

    « Nous ignorons l’âge et le lieu de la naissance de cette actrice (Sophie Arnould) qui a longtemps fait et fait encore les délices de l’Opéra, où elle joue les rôles tendres avec le plus grand succès, bien des gens l’ont accusée d’être méchante, mais des personnes dignes de foi et qui la connaissent nous ont assuré qu’elle avait le cœur bon, l’esprit un peu satirique, et la tête très bien organisée. Elle est presque la Ninon de notre siècle. Elle rassemble souvent autour d’elle des gens de tous états, de toutes conditions, mais toujours des gens d’esprit ; bien éloignée en cela de ses camarades qui ne savent pas distinguer le brute d’avec le poli. »

    Le Nouveau Spectateur ou Examen des nouvelles pièces de théâtre, servant de répertoire universel du Spectacle. Avril 1776.