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j'aperçois M. du Château. Il avait un grand bandeau sur l'œil. Heureusement qu'il se présenta à moi du côté droit qui n'avait pas de bandeau, sans cela je ne l'aurais pas reconnu. Il était accompagné de deux ou trois hommes, des faces de galériens, de ces gens qu'on ne rencontre que dans les révolutions. Ils me jetaient, Messieurs, des regards terribles. Je ne fais ni une ni deux. V'lan! je flanque ma toile devant le nez de M. du Château.--Qu'est-ce que c'est que cela, Madame?--qu'il fait.--Une marine! Vous allez m'acheter cela. Je n'ai plus le sou. Je ne fais plus rien.--Je n'achète pas de marine.--Eh bien,--je lui dis,--menez-moi dîner à la campagne.--Non; je n'ai pas le temps. L'œuvre marche,--qu'il me dit tout bas, et il tire une pièce blanche qu'il me met dans la main, et file avec ses satellites. Devant tout le monde, ça m'a offusquée. Je ne l'ai jamais retrouvé depuis ce temps-là. Un peu de sauce? Oui, je veux bien, vous en avez, vous, Messieurs? Personne n'en veut plus? Eh bien, j'aime autant prendre le plat, si ça ne vous fait rien.